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GEORGES JOUVE

Artiste indissociable de la renaissance de la céramique française de la seconde moitié du XXe siècle, Georges Jouve (1910-1964) est à l’origine d’une œuvre avant-gardiste, marquée par la pureté formelle ; des lignes simples et élégantes. Formé à l’École Boulle, les événements de la Seconde Guerre mondiale décidèrent de sa rencontre avec le matériau terre. Se réfugiant dans la Drôme, auprès de sa belle-famille, Jouve découvrit les traditions potières des villages de Nyons, connu pour sa production de santons, puis de Dieulefit. Durant ces temps troublés, de nombreux artistes furent dispersés à travers la France, dans l’incapacité d’exercer leur métier de formation – et donc de gagner leur vie. Ils se tournèrent alors vers la poterie, dont les ateliers étaient désertés, pour poursuivre leurs recherches plastiques. S’opéra ainsi durant le conflit et l’immédiat après-guerre un « retour à la terre », réponse à la déconstruction du monde – le recours à ce matériau brut et simple permettant une réintroduction de l’humain au cœur de leurs créations. Poursuivant cette même visée humaniste, Georges Jouve s’attela à articuler ce rapport homme/matière dans ses expérimentations en céramique (1). Introduit à la terre à Nyons, ses premières créations oscillèrent entre tradition locale et tendances modernes, preuves de son univers déjà en germe. Aussi, il adopta l’émaillage à l’alquifoux et commença par réaliser des sujets religieux, des miroirs ou encore des bénitiers – en s’alignant sur la tradition provençale. Suite à la Libération de Paris, Georges Jouve accompagné de sa femme Jacqueline et de leurs enfants, revint dans la capitale, où il ouvrit un atelier avec des moyens artisanaux dans leur maison de la rue de la Tombe Issoire. Là, il se consacra à la création de pièces uniques à caractère sculptural – mais le désir d’un espace plus grand et de dynamiques plus amples poussa les Jouve à partir peu après pour Aix-en-Provence. C’est dans sa période provençale que Georges Jouve commença à s’affirmer en France ainsi qu’à l’étranger : il participa avec des pièces importantes aux Salons des Artistes Décorateurs, aux manifestations organisées par l’Action artistique à l’Etranger, ainsi qu’à d’autres événements artistiques français. Il créa autour de lui un cercle de potiers et de créateurs venus de toute la France que la couple accueillait dans leur maison de campagne – le Pigonnet . Au fil de ces années, Jouve put forger sa personnalité de céramiste, menant de grandes décorations architecturales et explorant de nouvelles recherche de formes abstraites avec une puissance d’invention et de création qui l'a toujours distingué. Sa démarche visait à « sortir du rond » (2), rompant avec la parfaite géométrie des œuvres et la monotonie des volumes et des plans. Intrigué par la lumière et le mouvement, « il tenta d’exprimer dans une forme stable la réalité mouvante, dynamique de la vie » (3), notamment à travers des œuvres noires et blanches. Cette vision de la création lui permit d’explorer aussi bien les objets du quotidien que des décorations monumentales. La qualité des œuvres transparaît grâce au talent incontestable de Georges Jouve, qui ne disposait que des moyens très simples, mais d’une grande capacité de s’exprimer à travers la céramique. S’inspirant de plusieurs sources – végétales ou minérales – il fut capable de créer des formes équilibrés et modérées, empreintes de tendresse et lyrisme. (1) Pierre Staudenmeyer – La Céramique française des années 50 – Éditions Norma, Paris, 2001, p. 34-36. (2) Michel Faré – Georges Jouve céramiste – Éditions Art et Industrie, Paris, 1965, p. 30. (3) Ibid.

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