Créateur à la fois artiste et homme de science (ingénieur), Jean Prouvé (1901-1984) naquit à Paris le 8 avril 1901 d’une mère musicienne et d’un père peintre, graveur et sculpteur. Deuxième de sept enfants, il dut travailler dès son jeune âge pour aider sa famille pendant la guerre. Ainsi, il fut envoyé à l’Atelier d’Émile Robert à Enghien, où il eut l’occasion de se former à la ferronnerie. Son lien avec la création artistique fut dessiné dès sa naissance, Émile Gallé ayant été choisi pour être son parrain, en raison d’une proximité entre leurs deux familles. Ses débuts seront d’ailleurs très profondément influencés par l’École de Nancy, dont son père avait été fondateur et directeur après la mort d’Émile Gallé. Après sa formation, Jean Prouvé ouvrit son atelier en 1924 au 35 rue du Général Custine à Nancy. Dans ce premier atelier, il réalisa à la fois des créations qui correspondaient aux idées des architectes et des clients, ainsi que des objets issus de ses propres inspirations et projets. Au fil des années, il maîtrisa de nouvelles techniques et resta continuellement informé de l'évolution du monde artistique contemporain, grâce aux revues, expositions et à ses contacts avec des artistes renommés, comme Le Corbusier, avec qui il resta proche tout au long de sa vie. En 1929, il deviendra l’un des membres fondateurs de l’Union des Artistes Modernes (U.A.M.) avec Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Robert Mallet Stevens et Le Corbusier lui-même. À mesure que son succès augmentait, il ouvrit en 1931 son deuxième atelier en rue des Jardiniers sous le nom « Ateliers Jean Prouvé ». Là, avec un équipement plus avancé et davantage de collaborateurs, il poursuivit son travail, mêlant production de mobilier et conception de structures constructives, deux vocations qui allaient de pair dans son œuvre. À travers ces recherches menées en parallèle, Jean Prouvé avait pour objectif de s’adresser au plus grand public, en concevant des éléments constructifs standardisés qui pouvaient être reproduits. Cette conception du mobilier rendait particulièrement intéressante pour Prouvé la production destinée à des collectivités. Ses ateliers prirent part à plusieurs projets de logements étudiants, de mobilier de bureau, de mobilier scolaire ainsi que de baraquements militaires et de maisons des sinistrés, pendant la guerre. Toute une série de productions destinées à des communautés, qui maintenait la possibilité de prototypes et d’essais durables, et qui ne mit pas fin aux recherches. Après la guerre et une très courte expérience politique en tant que maire de Nancy, il installa en 1947 ses ateliers à Maxéville, dans un contexte à dimension industrielle, où il s’approcha de l’aluminium. La transformation de ce matériau était devenue, d'une part, nécessaire en raison de la pénurie d'acier, et d'autre part, intrigante en raison de l’intérêt de Prouvé pour la légèreté. Les productions de cette période seront importantes : maisons entièrement industrialisées en série pour les régions bombardées, conceptions des éléments coques, capsules de logement démontables et transportables en avion pour l’Afrique. C’est aussi durant ces années à Maxéville qu’il reçut le soutien de la société de l’Aluminium Français et qu’il collabora avec plusieurs institutions et artistes, notamment Charlotte Perriand. Malgré son succès, l’instabilité dans la trésorerie des Ateliers et la perte de soutien des actionnaires poussèrent Jean Prouvé à démissionner en 1953. Après des années de production féconde, il fut nommé en 1957 responsable du département Bâtiment de la Compagnie Industrielle de Matériel de Transport (CIMT), société à l’échelle fortement industrielle. C’est au cours de ces années que Jean Prouvé sera reconnu comme un maître incontesté, doté d’une renommée exceptionnelle. Cela lui valut non seulement d’être fréquemment consulté et impliqué dans divers projets, mais aussi d’être nommé enseignant à la chaire d’art appliqué aux métiers du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM.). Malgré cette dernière orientation vers l’industrialisation et la transmission du savoir, Jean Prouvé n’abandonna jamais sa passion pour le mobilier. Durant les dernières années de sa vie, il y revint avec enthousiasme, approfondissant son travail avec l’aluminium. Tout au long de sa carrière, Jean Prouvé resta fidèle à son modus operandi expérimental, avant-gardiste et moderne, poursuivant une recherche constante de nouveaux matériaux.